Qu’est ce qu’un DAF à temps partagé ?

Pour commencer

Dans de nombreuses PME en croissance, un besoin apparaît : piloter la finance et l’administration avec le même savoir-faire qu’une grande entreprise, sans avoir les moyens d’embaucher un directeur financier à plein temps. C’est exactement la mission du DAF à temps partagé. DAF signifie Directeur Administratif et Financier – l’équivalent d’un CFO (Chief Financial Officer). « À temps partagé » signifie que cette personne partage son temps entre plusieurs entreprises clientes, au lieu d’être employée à plein temps par une seule structure. Ce concept, apparu depuis quelques années, offre une solution flexible et économique pour les petites et moyennes entreprises.

Le concept : un directeur financier “à la carte”

Un DAF à temps partagé (appelé aussi DAF externalisé) intervient en général quelques jours par mois au sein d’une entreprise, en fonction des besoins de celle-ci. Par exemple, une PME peut faire appel à un directeur financier externe 4 jours par mois, ou 1 jour par semaine. Durant ce temps, le DAF assure les mêmes missions qu’un directeur financier classique, mais de manière fractionnée sur plusieurs clients. Selon une étude de la DFCG (association des directeurs financiers), les entreprises sollicitent en moyenne un DAF externe entre 2 et 15 jours par mois. Au-delà, si les besoins deviennent presque équivalents à un plein temps, il peut être pertinent d’envisager un recrutement interne. Mais pour toutes les configurations intermédiaires, le modèle du temps partagé permet d’ajuster finement le temps d’intervention.

Ce mode de fonctionnement s’inscrit dans l’essor du travail en temps partagé ou en prestation. De plus en plus de cadres financiers choisissent de devenir indépendants ou de travailler pour des cabinets spécialisés, afin de diversifier leurs missions et clients. Du côté des entreprises clientes, cela répond à un double besoin : bénéficier d’une expertise financière pointue, et garder de la flexibilité dans les coûts. On estime qu’en 2023, près de la moitié des directeurs financiers travaillant avec des PME le font en temps partagé, signe que cette approche est en train de devenir courante dans le paysage entrepreneurial français.

Les missions et compétences d’un DAF à temps partagé

Le DAF à temps partagé occupe un rôle stratégique, tout comme un DAF classique, mais avec une organisation du temps différente. Lorsqu’il intervient dans une entreprise, il fait partie de l’équipe de direction élargie et collabore étroitement avec la direction générale, le service comptable, le contrôle de gestion, etc. Ses missions couvrent un large périmètre, par nature très transversal :

  • Stratégie et pilotage financier : il aide le dirigeant à définir la stratégie de développement, construit le business plan, fixe des objectifs financiers et des budgets. Il analyse la situation financière de l’entreprise et propose des plans d’action pour améliorer la rentabilité, la trésorerie, ou soutenir la croissance (par exemple préparer une levée de fonds, un plan d’investissement, etc.).

  • Contrôle de gestion et reporting : le DAF externalisé met en place des tableaux de bord financiers mensuels, des reportings pour suivre les indicateurs clés (chiffre d’affaires, marges, trésorerie, etc.). Il compare les réalisations aux budgets et aide à anticiper les écarts. Il est garant de la fiabilité des analyses de performance et peut proposer des mesures correctives (réduction de coûts, ajustement de prix…) en fonction des résultats observés.

  • Supervision comptable et obligations légales : bien qu’il ne fasse pas la saisie comptable au quotidien (souvent assurée par un comptable ou un cabinet), le DAF à temps partagé supervise la fonction comptabilité. Il s’assure que les comptes annuels sont exacts et établis dans les délais, que les déclarations fiscales et sociales sont faites correctement. En lien avec l’expert-comptable et le commissaire aux comptes le cas échéant, il veille à la conformité aux normes. Il peut aussi apporter son expertise pour optimiser certains aspects (par ex. choix de logiciels comptables, amélioration des processus de clôture).

  • Gestion de la trésorerie et financement : il pilote la trésorerie, établit des prévisions de cash-flow, sécurise le financement de l’entreprise. Cela inclut la relation avec les banques et investisseurs, la recherche de financements (crédits, subventions, entrée d’investisseurs), le suivi des covenants bancaires, etc. Un DAF expérimenté est souvent précieux pour négocier avec les partenaires financiers grâce à sa crédibilité et sa vision d’ensemble de la santé de l’entreprise.

  • Ressources humaines, juridique et administratif : souvent, le directeur financier supervise aussi les fonctions administratives support. Par exemple, il peut encadrer le service RH sur les sujets de rémunération, d’effectifs, valider les principales décisions administratives, coordonner les sujets juridiques (organisation des conseils d’administration ou assemblées générales, suivi des contrats importants). Ce côté « bras droit » du dirigeant fait qu’on attend de lui une polyvalence certaine.

En somme, le DAF à temps partagé porte plusieurs casquettes à la fois, de l’analyste financier au conseil stratégique, en passant par le garant de la conformité. Son avantage est qu’il a souvent un regard extérieur et une expérience diversifiée (ayant vu de nombreuses entreprises), ce qui lui permet d’apporter des bonnes pratiques éprouvées ailleurs. Il sait adapter rapidement ces solutions aux spécificités de l’entreprise cliente.

Avantages pour les entreprises : pourquoi y recourir ?

Faire appel à un DAF à temps partiel présente de nombreux atouts pour une PME ou une start-up :

  • Coûts maîtrisés : Le coût d’un directeur financier salarié à plein temps est élevé (souvent entre 70 000 et 120 000 € annuels brut pour un profil expérimenté, hors charges patronales). À cela s’ajoutent charges sociales ~40%, avantages, etc., ce qui peut représenter 150 000 € par an ou plus. Beaucoup de petites structures ne peuvent supporter une telle dépense fixe. En recrutant un DAF en temps partagé, on ne paie que les jours de présence nécessaires, sans charge sociale ni frais annexes (voiture de fonction, etc.). Typiquement, 2 jours par semaine de DAF externalisé reviennent à ~30 000–60 000 € par an, soit une économie pouvant aller jusqu’à 60% par rapport à un cadre à plein temps. La prestation prend souvent la forme d’honoraires mensuels ou journaliers (TJM moyen entre 750 et 1250 € HT), modulables selon l’expérience et les missions. Cette flexibilité financière permet à l’entreprise d’ajuster en cas de besoin : augmenter la fréquence si un projet important l’exige, ou la réduire en période plus calme.

  • Expertise pointue et immédiate : En recourant à un DAF externalisé, la PME accède à des profils très expérimentés, parfois difficiles à attirer en interne. Nombre de DAF à temps partagé ont 10, 15 ou 20 ans d’expérience, y compris dans de grandes entreprises. Ce bagage profite directement à la petite entreprise, qui bénéficie d’une expertise de haut niveau sans délai de montée en compétence. Contrairement à un nouvel embauché qui aurait besoin de temps pour s’adapter, un DAF externe est opérationnel tout de suite et connaît déjà les outils, les processus financiers courants et les normes à respecter. Cela réduit le risque d’erreurs et permet d’implémenter rapidement des améliorations (par exemple structurer la comptabilité analytique, mettre en place un reporting fiable en quelques mois).

  • Flexibilité et ajustement aux besoins : Le contrat est souvent souple. On peut commencer par un volume de 2 jours par mois et augmenter si nécessaire. Si l’entreprise traverse un projet exceptionnel (acquisition, changement de système informatique, crise), le DAF peut consacrer temporairement plus de temps. À l’inverse, si après quelques trimestres la situation se stabilise, la mission peut se réduire. Cette adaptabilité est très appréciée des dirigeants de PME qui n’ont pas toujours une visibilité stable de leurs besoins financiers futurs.

  • Regard neuf et conseil stratégique : Un DAF externe, de par son statut, a un regard à la fois intérieur et extérieur. Intérieur, parce qu’il s’intègre à l’équipe et comprend la culture de l’entreprise ; extérieur, car il n’est pas impliqué dans les éventuelles politiques internes ou routines, et ose souvent poser un diagnostic objectif. Il apporte des idées neuves, challenge les décisions du dirigeant de manière constructive (sparring-partner du chef d’entreprise). En plus de la gestion financière courante, il peut jouer le rôle de conseiller stratégique sur des problématiques variées : améliorer la rentabilité, préparer une transmission d’entreprise, gérer une situation de crise financière, optimiser la structure de coûts, etc. Beaucoup de dirigeants de PME apprécient d’avoir ce « co-pilote » pour les épauler dans la prise de décision.

  • Sécurité et conformité : Enfin, disposer d’un directeur financier, même à temps partiel, rassure les partenaires (banques, investisseurs) et renforce la crédibilité de l’entreprise. Cela assure aussi une veille réglementaire : le DAF se tient informé des évolutions (sociales, fiscales, comptables) et veille à ce que l’entreprise reste conforme, évitant ainsi des erreurs coûteuses.

En résumé, le DAF à temps partagé offre un levier de professionnalisation de la gestion financière accessible aux PME. Il comble un vide entre, d’un côté, le chef d’entreprise qui gère « sur le tas » la finance faute de ressources, et de l’autre, le recrutement onéreux d’un cadre dirigeant à plein temps. Cette solution win-win permet à l’entreprise de bénéficier d’un accompagnement financier sur-mesure tout en maîtrisant son budget. Pour le DAF lui-même, c’est l’occasion d’un mode de travail plus flexible et varié, souvent choisi par des experts désireux de multiplier les défis.

Comment travailler avec un DAF externalisé ?

Généralement, les DAF à temps partagé opèrent via des sociétés ou réseaux spécialisés. On peut citer par exemple des structures de mutualisation financière, ou des cabinets de conseil financier proposant cette offre. Le principe : l’entreprise cliente contracte avec le cabinet, qui lui met à disposition un directeur financier correspondant à son profil (par exemple, un DAF ayant de l’expérience dans son secteur d’activité ou sur sa problématique particulière). Cela offre une garantie de qualité et souvent une continuité de service (possibilité de remplacer le DAF en cas d’indisponibilité, etc.). Certains DAF travaillent aussi en indépendant en démarchant directement leurs clients, mais la prospection peut être chronophage pour eux.

La relation de travail s’établit comme avec un prestataire : il convient de définir en amont les missions précises confiées au DAF, le rythme d’intervention (nombre de jours par mois), les objectifs à atteindre et les modalités pratiques (sur site, télétravail, interactions avec l’équipe interne). Une bonne pratique est de commencer par un diagnostic initial : le DAF examine la situation financière de l’entreprise, identifie les points forts et axes d’amélioration, puis propose un plan d’action priorisé. Ensuite, au fil des mois, il met en œuvre ce plan, et assure un reporting régulier au dirigeant.

Enfin, même à distance ou à temps partiel, un DAF externalisé doit être considéré comme un membre de l’équipe de management. La confiance et la communication sont essentielles : il doit avoir accès aux informations nécessaires et pouvoir s’intégrer aux processus décisionnels de l’entreprise. C’est à ce prix qu’il pourra jouer pleinement son rôle de copilote financier du dirigeant. Avec ce modèle, même une petite entreprise peut s’offrir les compétences d’un directeur financier chevronné pour naviguer plus sereinement sur le plan économique.

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